Parfois, il y a des journées parfaites, constituées d’une succession d’instants de grâce. Cela arrive quelques fois par an si l’on est chanceux…
Pendant ces journées, on se sent légers et insouciants. Les choses qui nous agaceraient en temps normal nous font sourire, voire même franchement rire. C’est un peu comme si le découragement ne pouvait pas nous atteindre… Je ne sais pas comment expliquer cela, je ne sais pas ce qui peut se passer métaboliquement pendant ce genre de journées-là ? Peut-être parce que lorsque l’on est bien accompagnée, il est plus facile de se laisser aller ? Peut-être que lorsque ma peau engrange la précieuse vitamine D, tout devient plus agréable ?
Ou alors peut-être que c’est tout simplement le doux ronronnement des vagues qui vont et qui viennent sur le sable fin… l’odeur d’iode mêlée à l’odeur des forêts de pins…
Chronique d’une journée parfaite
Cette journée parfaite a eu lieu quelque part en Charente-Maritime. Elle n’était pas vraiment planifiée, depuis notre base de Rochefort, ville très terne en août. La journée s’annonçait parfaite, j’ai sorti une carte, et décidé au hasard que l’on irait se balader près de la Forêt de la Tremblade, domaine forestier large de près de 5 km, entre Océan et plaine. Évitons les milliers de voitures qui se pressent sur Oléron dans un vrombissement assourdissant pour s’arrêter, au hasard, sur l’un des nombreux parkings longeant la D25. Bien sûr, comme d’habitude, je choisis le parking le plus vide, ce qui est tout simplement la promesse d’une plage déserte, plus loin à l’ouest.
Mais une plage déserte… Ça se mérite. 2 kilomètres de marche, en maillot et en sandales, à travers la forêt, les épines de pins, en montée, en descente. À travers les dunes où l’on fait un pas en avant et deux pas en arrière. Mais bon sang, il est où l’Océan ?! Mais c’est une journée parfaite. Le soleil tape très fort mais l’air reste frais, abritée par les pins, bienveillants, qui froissent légèrement au vent. Pas après pas… Montée après montée… L’Océan est enfin là. La plage semble infinie, il faut encore parcourir ce qui semble être plusieurs centaines de mètres avant de parvenir à glisser l’orteil dans l’eau calme et fraîche.
Ce que nous ne savions pas, c’est que c’est une plage naturiste… Mais qu’importe, et j’admire les gens qui ont le courage de pouvoir s’afficher dans le plus simple appareil (je ne suis pourtant pas nonplus particulièrement pudique). Il faut dire qu’un bain de mer sans aucun vêtements, à poil (littéralement), n’a pas du tout la même saveur, et le plaisir de sentir les vagues sur la peau n’est que décuplé. Je présume…
L’Océan est désert, comme la plage. Des enfants jouent dans les flaques d’eau laissées par la marée descendante… Le soleil brille toujours autant. Et puis nous allons jouer, comme des gamins, dans l’eau, dans les vagues, pendant des heures durant. Retrouver son innocence après toutes les atrocités de 2016. Rire fort, chahuter, avoir du sable de partout dans le maillot, l’enlever, et en avoir encore plus à la vague suivante. Faire la planche et faire la course avant de s’effondrer dès qu’une vague un peu plus forte nous emporte. Je ne vois pas d’autre définition au bonheur que celle-ci, un bonheur pur, sans arrières pensées, une parenthèse d’insouciance dans une vie quotidienne bien trop compliquée.
Et puis la parenthèse se clôt, et il faut, à regrets, retourner au parking, traverser à nouveau la forêt. Les guêpes, attirées par le sel ou l’odeur de la crème solaire, nous attaquent. Qu’importe, rien ne peut me gâcher ma journée, pas même les graviers qui me rentrent dans le talon.
Chronique d’une soirée parfaite
Et une fois de plus, c’est parfaitement au hasard, conseillés par une amie proche ayant vécu un petit peu dans le coin que, le cœur gonflé, nous voudrions bien clore en beauté cette journée parfaite. Nos pas nous mènent du côté de Marennes d’Oléron, et plus précisément vers la Cité de l’huître. Nous suivons un canal, creusé au milieu des parcs à huîtres, avant de décider de s’attabler à l’une des nombreuses guinguettes proposant la dégustation des produits locaux… Moules, huîtres, fruits de mer, bien sûr. À peine pêchés, derrière la petite cahute, ils sont préparés sous vos yeux. Un régal, de dîner ici, entre deux pieds de roses trémières et les bateaux de pêcheurs dont la chaîne tintait légèrement contre leur bitte d’amarrage, sur le canal. Le soleil est haut, encore.
Il finit par décliner, alors que je n’en ai pas envie : je n’ai pas envie de voir cette journée parfaite s’achever ! Mais le soleil se fait vite pardonner, en se couchant gracieusement sur la baie d’Oléron, reflétant sur les cabanes de pêcheurs multicolores, avec des couleurs flamboyantes que mon appareil a du mal à capturer. Rapidement, le ciel devient bleu, puis gris. Il n’y a plus qu’à rentrer, le cœur gonflé par le bonheur. Cette journée parfaite, je m’en souviens encore précisément, et près de 4 mois après, quand elle revient à moi, ses bienfaits sont immédiats : j’ai le sourire aux lèvres rien que de vous en parler.
10 Comments
LadyMilonguera
1 décembre 2016 at 16:42un bien joli coin on dirait…
isa
2 décembre 2016 at 14:04Oh que oui !
Zhu
2 décembre 2016 at 00:58La première photo et celle de la plage dans toute son étendue sont à tomber. Franchement, on a de beaux coins en France, quand même… (*minute patriotique)
Je t’imagine, le sourire aux lèvres. Ça sert à ça, les beaux voyages, à faire de beaux souvenirs!
isa
2 décembre 2016 at 14:03Je suis d’accord avec toi sur la minute patriote ! D’ailleurs je ne pense qu’à retourner en France l’été prochain
Mitchka
2 décembre 2016 at 14:02Comme quoi, que ce soit l’hiver ou l’été, Oléron laisse un beau souvenir à ceux qui viennent la découvrir
nb : et on gagne pas de timbre ni de guide chez toi ?? :D
isa
2 décembre 2016 at 14:03Éventuellement une carte postale moche !
Marina
2 décembre 2016 at 22:42J’aaaaaaaaaaaaaaaaaaiiiiiiiiiiiime tout dans ton article ! Tellement poétique, je m’y suis retrouvée complètement !
isa
5 décembre 2016 at 09:47Merci encore à toi, tu sais… ;)
Hélène Labelle
12 décembre 2016 at 09:52« Il faut dire qu’un bain de mer sans aucun vêtements, à poil (littéralement), n’a pas du tout la même saveur, et le plaisir de sentir les vagues sur la peau n’est que décuplé. Je présume… »
Vous présumez juste.
Vous auriez dû essayer, puisque l’occasion se présentait.
Très souvent, les naturistes ont découvert le naturisme par hasard. Une fois qu’on s’est bronzée, baignée, promené, sans maillot, après, on ne peut plus en remettre un (sauf forcée contrainte parce qu’on n’a malheureusement pas le choix).
isa
12 décembre 2016 at 09:55Et je suis bien d’accord ! Je ne laisserai pas passer la prochaine occasion. Mais, aussi, le soleil étant mon ennemi, je suis à vrai dire rarement en maillot sur la plage également