États d'âme Montréal

I guess we’ll just have to adjust

23 septembre 2010

Cela fait 5 jours que j’ai posé le pied en France. Depuis au moins un mois, j’avais très hâte de retourner « chez moi » : beaucoup d’amis s’envolent à leur tour, donc je voulais les voir avant, j’avais hâte de revoir ma ville, Lyon, sous ses beaux habits d’automne, j’ai hâte de finir mes études, de commencer autre chose…
Je ne pensais pas que le départ de Montréal soit aussi difficile, je ne pensais pas non plus pleurer comme une madeleine en voyant les lumières de la ville encadrer le St Laurent, de nuit, au décollage. J’imagine que c’est parce que ces quelques mois m’ont beaucoup marqué, et que c’est évidemment positif, je me suis aussi rendue compte qu’après tout, Montréal était encore plus « en moi » que je ne le pensais.
Pendant ces longs mois, j’ai toujours « défendu » les français contre certains clichés qui ont la vie dure, face à mes collègues québécois qui ne cessaient de me taquiner : oui, on se lave plus d’une fois par mois, non on ne se balade pas toujours avec un st marcellin bien fait au fond de notre sac, oui, on connait les rudiments de la politesse, etc… Et pourtant, en arrivant à Paris, où je faisais ma correspondance, je me suis sentie bousculée, on ne m’a jamais dit pardon, les gens étaient pressants et peu accueillants… J’ai toujours ressenti ça à Paris mais c’était encore plus amplifié cette fois ci, comme si j’avais oublié.
Une sorte de choc culturel à l’envers, quoi… De retour à Lyon, j’ai eu l’impression que la ville avait changée. Je me suis vite rendue compte que non, c’était moi qui avait changé, je ne vois plus les choses du même œil. Ne vous méprenez pas : je porte toujours le même amour inconditionnel pour ma ville mais lors de ma première balade, juste le lendemain de l’atterrissage, je me sentais déphasée, décalée, comme si j’étais dans un pays étranger. Mes sentiments étaient contrastés, ça me rappelle d’ailleurs lorsque j’étais petite et que nous revenions de deux mois « au bled », en Espagne. J’étais si heureuse de retrouver mes jouets que j’étais folle, mais d’un autre côté je me serais bien passé de rentrer à l’école quelques jours après…
Je le savais avant de partir : à partir du moment où on vit ailleurs, qui plus est dans un univers aussi différent que Montréal, on change. J’ai toujours l’impression que Lyon est mon seul chez moi au monde, le seul endroit que j’identifie comme ça. Mais ça n’a jamais été le seul endroit où je peux m’épanouir et où je me sens bien. J’ai l’impression d’être le cul entre deux chaises : je suis heureuse comme jamais d’être rentrée chez moi et d’avoir mille choses à faire, d’aimer toujours autant cet endroit, mais d’un autre côté, j’ai une envie encore plus vivace de repartir, dans quelques mois. Comme si ça allait être comme ça toute ma vie, comme si j’allais avoir besoin de m’envoler tous les deux ans vers de nouveaux horizons, pour mieux retrouver mes racines par la suite.

Au menu : J’ai fini l’école, et je pars vers l’inconnu. C’est effrayant plus qu’excitant pour le moment mais j’essaye déjà de m’en sortir : un petit boulot pour Octobre, un autre pour Janvier, et au milieu de tout ça, je ne vais sûrement pas m’arrêter de voyager. Londres et Madrid sont déjà prévus et surtout, surtout, le prochain grand décollage sera pour 2012…

5 Comments

  • Reply
    Alice In Québéquie
    23 septembre 2010 at 12:57

    Salut Isa,
    De tout coeur, bon courage. Immigré depuis plusieurs années ici, je comprend tellement de quoi tu parles. Je ne me sens plus vraiment chez moi en France et pourtant pas encore vraiment chez moi non plus ici. Mais j'ai vite compris que c'était là où sont les gens qui nous aime, chez nous finalement… (bon ok, gros clichés, blablabla).

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    Isa
    23 septembre 2010 at 13:07

    Merci pour ton commentaire, Alice
    Et… même si c'est un gros cliché bisounours, je suis tout à fait d'accord avec toi. J'ai juste besoin d'un peu de temps pour digérer tout ça, et tout reprendra son chemin logique! Jusqu'au prochain retour…

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    Vince
    5 octobre 2010 at 18:31

    j'ai connu cet espèce de spleen quand je suis rentré de Barcelone… pendant 2 mois j'étais et n'étais pas chez moi en même temps, comme si j'avais laissé une partie de moi-même là-bas.
    Tout fini par rentrer dans l'ordre au final, mais à chaque fois que je retourne en Espagne, je ne sais pas ce qu'il se passe mais je m'y sens immédiatement comme « à la maison »

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    Millot
    27 février 2015 at 11:04

    Bonjour Isa,
    j’aime beaucoup ton blog et je me retrouve dans ton vécu. j’ai passé un an à Montréal en PVT et je suis rentrée depuis 1 an et demi à Lyon ma ville natale… Et comme toi, je m’y sens très bien, chez moi, mais j’ai aussi cette envie de repartir au Québec de temps à autre. Je repense aux bons moments là-bas et je me dis que j’étais plus dynamique, plus entreprenante, plus vivante. C’est dur, il faut distinguer l’idéalisation et le vrai là dedans…
    Je ne suis pas sûre non plus d’être faite pour l’immigration… Où es-tu maintenant ?? A Lyon ?
    Bonne continuation et merci pour ton blog…

    • Reply
      isa
      2 mars 2015 at 14:05

      Salut !! Je me reconnais aussi dans ton parcours… Je suis effectivement de retour à Lyon depuis 4 ans, avec quand-même 4 et 3 mois de coupure en mode « road trip », j’ai l’impression que c’est ce dont j’ai besoin pour réussir à ne pas avoir trop de fourmis dans les jambes… Je me reconnais dans ta description : plus vivante, plus entreprenante… Je te rassure, ça prend du temps de trouver un nouvel équilibre ! Si jamais tu déprimes trop, on peut toujours en parler derrière un verre ;) Merci de la visite !

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