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Capitol Reef National Park, et son héritage mormon

26 septembre 2010
J’ai souvent remarqué que mes interlocuteurs français confondaient presque tout le temps les populations amishes et mormones.

Une fois que les bases sont établies, il y a toujours cette moquerie persistante envers l’Église de Jésus Christ des Saints du Dernier Jour (nom officiel), considérée comme une secte en France. L’autre chose dont on me parle immédiatement : c’est la polygamie (appelée « mariage plural » pour être politiquement correct).

Mormonisme et polygamie

Effectivement, la polygamie est une des bases importantes de la religion mormone, mais ce n’est cependant pas uniquement comme ça qu’elle se définit, et ce n’est pas non plus son fondement. Je ne vais pas faire un cours d’histoire mormone, car je suis loin d’être qualifiée à ce sujet, mais je conseille à tous de voir l’épisode de South Park, « Tout sur les mormons » (« All about mormons ») qui présente de façon grinçante et vraiment drôle la religion mormone. (dumb dumb dumb…). Big Love, série d’HBO, même si elle ne présente qu’un aspect de la religion, la polygamie, dresse un portrait vraiment émouvant, même si romancé, d’une famille mormone et polygame ainsi que d’une communauté fermée, les « compounds ». Bref, je ne rentre de toute façon pas dans la polémique, la religion mormone en vaut bien une autre, et n’est pas plus ni moins « tolérante » (beurk, quel mot affreux) que n’importe quelle autre.

capitolreefbiches

Ce long paragraphe introductif me permet de présenter l’exil mormon vers l’Ouest : après l’assassinat du prophète Joseph Smith, les communautés mormones jugent la vie trop difficile et périlleuse dans l’est (Illinois, Missouri, par exemple) et se lancent dans un grand exil vers des terres hostiles, vierges et inconnues. Après avoir établi la plus grande communauté mormone près du grand lac salé, certaines familles décident de continuer encore leur chemin et se retrouvent dans le sud de l’Utah, à la fin des années 1870.

L’installation des premiers pionniers

Une petite famille de pionniers s’installe à Junction, devenue Fruita, là où les premières nations Fremont s’étaient installées des milliers d’années auparavant. Ils ont restauré les systèmes d’irrigation primitifs près de la Fremont River et ont planté des centaines d’arbres fruitiers. Encore aujourd’hui, les vergers comportent 2 500 pommiers, poiriers, pêchers… entretenus par toute l’équipe du National Park.

capitolreefvergers

A n’importe quel moment de l’année, le visiteur peut aller cueillir lui-même ses fruits, en fonction de ce qu’il y a sur les arbres ! C’est très agréable de déambuler dans un verger désert, avec pour seule compagnie les mule deer et les vers de pommes… (bin oui, c’est qu’ils sont bios, ces fruits !). On se sent isolé, même en arrivant près du logement des rangers (4 ou 5 petites maisons accompagnées d’un petit terrain de jeu et d’un jardin potager). J’ai mis longtemps à mettre un mot dessus, mais j’avais l’impression d’être dans le village du projet Dharma de Lost ! C’est un endroit vraiment magique.

Un jardin d’Eden

Au début du 19ème siècle, la vallée de Fruita était surnommée « Le Jardin d’Eden » et l’on comprend vraiment pourquoi dès qu’on y met le pied… Les mormons avaient enfin trouvé leur terre promise. De cette époque ne reste que la Gifford’s House, une maison restaurée, accompagnée de sa grange (aujourd’hui occupée par un couple de chevaux à la retraite), la maison du ferrailleur ainsi que la petite école. Il faut noter que l’éducation était quelque chose de primordial pour les mormons : c’était presque le premier bâtiment construit dans une nouvelle colonie.

La Gifford’s House propose un petit coin boutique très sympa, qui fournit, entre autres, de délicieuses « pies » et « scones »… Mais il faut se lever à l’aube pour avoir sa part !
Encore une fois, j’admire le sens du détail et la reconstitution historique : rien n’est laissé au hasard et je n’ai pu noter aucune erreur, les historiens du parc ont réussi à allier le moderne à l’histoire et à faire quelque chose de vraiment authentique.

Le camping de Fruita

Le camping de Fruita est tout au bout de la vallée, juste à côté de la Gifford’s House et borde la Fremont River. Il n’y a qu’une petite cinquantaine d’emplacements qui sont pris d’assaut puisque le camping ne prend pas de réservations. Il y a une chose à savoir, cependant : c’est le seul logement possible à l’intérieur du parc, donc nous ne risquions pas de rencontrer d’autres personnes se balader dans le parc que les 50 présentes en même temps que nous ! Un bonheur… Surtout après le contraste avec Arches !
Nos petites tentes montées, nous pouvions nous poser un peu pour entendre le doux bruit de la rivière, les hennissements des chevaux et les petites biches courir dans les emplacements (j’en ai même surprise une la nuit, en train de brouter… sous la tente de mes compagnonnes de voyage !)

Fruita, un coin de paradis…

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