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Rencontres merveilleuses avec les animaux de l’Ouest américain

5 septembre 2016

Alors que je saoulais mon conjoint avec mes mille anecdotes sur l’Ouest américain, je me suis dit qu’il était plus que temps que j’écrive tous ces souvenirs, avant qu’ils ne disparaissent dans les méandres de mon cerveau. Mon conjoint, d’ailleurs, vous remercie de votre attention, ce qui lui permet de pouvoir retourner vaquer à ses occupations.

Partir dans les parcs nationaux des Etats-Unis, c’est pour moi toujours un moment d’émerveillement et de découverte, mais aussi de repli sur moi-même, de méditation et de recueillement. J’en ai besoin, c’est un vrai besoin vital. J’ai besoin de me retrouver sous ma toile de tente au milieu de la nature et de n’avoir d’autre spectacle que celui de la voie lactée qui illumine les canyons, à la nuit tombée. Ce qui rend l’expérience de l’ouest américain aussi merveilleuse, c’est aussi cette faune et cette flore sublimes, qui ne cessent de me surprendre. Parfois, j’ai eu la chance, que dis-je, l’immense chance de rencontrer, pendant quelques millièmes de secondes ou pendant plusieurs minutes, les habitants de ces parcs nationaux. J’ai eu parfois peur, et parfois, je n’ai pas mesuré le danger que cela pouvait représenter. Au fur et à mesure des années, je me suis aguerrie… Et je vous donne ainsi en sus quelques conseils pour rester prudent.

Les veuves noires, aussi mythiques que… présentes

Adolescente, j’ai entendu mille histoires effrayantes sur les veuves noires cachées dans les cuvettes de toilettes, prêtes à bondir sur les humains et à planter leurs petits crocs sadiques dans nos cuisses rebondies jusqu’à nous en aspirer notre substantifique moelle. En arrivant en Utah pour la première fois, je savais qu’il y avait des veuves noires dans la région, et bien que sachant qu’elles étaient dangereuses, je n’étais pas trop méfiante, persuadée qu’il s’agissait surtout de légendes urbaines. Oui. Oui, mais… Mon amie qui vit aux portes de Zion National Park m’a proposé, dès mon premier soir sur place, de me montrer des veuves noires qui logeaient habituellement sous l’une des dalles de sa terrasse, m’assurant qu’elles n’en sortaient jamais. Elle soulève la dalle, et là, horreur, des dizaines de veuves noires énormes et voraces me fixaient. Viennent ensuite le récit des histoires d’horreur : l’une de ses voisines, une locale pourtant, a été mordue pendant une nuit. Le venin de la veuve noire lui a fait perdre la mobilité de toute la partie droite de son visage. Enfer, ce n’étaient donc pas des légendes urbaines…
Quelques années après, alors que je me baladais dans le jardin de mon amie, je me suis penchée sur une araignée que je trouvais absolument sublime. Elle était énorme, noire et rouge, et ne bougeait guère. J’appelle la fille de mon amie pour lui faire part de ma découverte. En arrivant sur les lieux, elle écarquille les yeux et se rue chercher sa mère à l’intérieur, cette dernière accourant avec une bombe aérosol anti-insecte. Me disant que c’était une veuve noire, et que je me suis penchée bien trop près pour l’observer. Well, well, well…

Un conseil de survie : Ne laissez jamais vos chaussures de randonnée en dehors de la tente pendant la nuit. Ne laissez jamais votre tente ouverte plus de 2 secondes, le temps de sauter dedans avec agilité et de refermer rapidement la fermeture éclair. Jamais. Sous aucune circonstances. I’M NOT KIDDING ! Cela vous permettra d’ailleurs d’éviter les scorpions, que j’ai eu le bonheur de ne voir que brièvement une nuit à Kodachrome Basin State Park.

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Les rattlessssssnakes…

Première fois dans le désert. Première fois hors du continent européen. Premier camping un peu sauvage de ma vie d’adulte. Par sauvage, entendez le terrain clôturé de mon amie de Zion. Je m’étire… Je me réveille, je chausse mes lunettes et… Non, je ne rêve pas, il y a bien un ÉNORME serpent perché sur le pommier, juste à quelques mètres de ma tente. Cet épisode ayant eu lieu juste après celui des veuves noires, je dois avouer que j’étais relativement peu impressionnable à l’époque.
Donc, ce serpent, en train de rejouer un célèbre épisode de l’Ancien Testament, ne semblait qu’avoir cure de ma présence. Je cours chercher mon ami, qui m’assure aussitôt que « Oh, c’est un King Snake, aucun souci, il mange les serpents à sonnette, c’est plutôt sympa d’en avoir un chez soi). »
Les serpents à sonnette (rattlesnakes), parlons-en, justement. On dit souvent que lorsque l’on en voit un, c’est qu’il est trop tard. Heureusement, je n’en ai jamais vu. En revanche, j’en ai entendu un, un jour, en me promenant sur l’un des sentiers de randonnées du canyon principal de Zion. Lorsque l’on sait que les serpents à sonnettes peuvent, au mieux, nous paralyser (au pire : nous tuer), on ne prend pas vraiment cette menace à la légère… J’ai arrêté de marcher, et j’ai attendu. Heureusement, le serpent est parti. Ou pas… Mais en tout cas, je n’ai pas été mordue.

Un conseil de survie : Ne vous asseyez jamais sur des rochers ou ne vous appuyez jamais contre les parois rocheuses, en randonnée notamment. Ce conseil est valable aussi pour échapper aux veuves noires… A titre personnel, lorsque je randonne et que j’ai besoin de m’asseoir quelques minutes, je m’assoie tout simplement au milieu du chemin, sur la terre ou sur les gravillons.

Les tarentules : ces animaux merveilleux

J’ai une grande admiration pour les tarentules, qui peuplent le désert de l’Utah. Je les trouve si belles et si gracieuses ! Le fait qu’elles soient absolument inoffensives aide, aussi. J’ai même eu la chance de prendre dans ma main et de caresser une tarentule, au zoo de Denver. Cela a été une expérience incroyable : elles sont si douces et si légères !
J’ai croisé deux fois des tarentules à Zion National Park, dont l’une des fois alors que la petite bête était en plein milieu du sentier d’Observation Point. Il ne faut pas craindre les tarentules : en plus de se mouvoir extrêmement lentement (elles ne vous sauteront pas à la gorge, donc), elles sont fascinantes et sans danger pour les Humains. Par pitié, si vous en voyez une, laissez la tranquille, et assurez vous qu’elle traverse le sentier sans se faire écraser par d’autres randonneurs.

Un conseil de survie : Un conseil de survie pour la tarentule, surtout : laissez la tranquille ! :)

Bip bip le coyote

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Dinosaur National Monument est tellement reculé, que même dans ses sections les plus visitées les animaux foisonnent. Petits lapins blancs tous mimis, serpents, rapaces, libellules… Et aussi coyotes ! C’est ainsi qu’un matin – non pas un lapin – mais un coyote s’est invité à prendre le petit déjeuner avec moi. J’ai à peine eu le temps de faire volte face, et de m’enfermer dans la voiture. Il a pris le temps de fouiller le campement, de sniffer mes chaussures de randonnées, de se servir un café et des biscuits avant de repartir. Les hôtes du camping m’assurant qu’il y avait peu de chance qu’il m’attaque, j’ai quand-même eu une sacrée frousse. C’est quand-même un chien sauvage, mince !

Un conseil de survie : Parait-il qu’il faut leur balancer des gadins dessus s’ils sont trop entreprenants. Parait-il. Je préfère l’option couarde, c’est-à-dire m’enfermer dans la voiture jusqu’à ce qu’asphyxie s’ensuive.

Une biche et un renard

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6 heures du matin, le long du Riverside Walk, à Zion National Park. Il n’y a que les glouglous des dindes sauvages et le bruit du bois contre le bec des Pic Vert qui brisent le silence. Puis soudain, je vois la petite queue blanche d’une biche, qui détalle dans les fourrées. A sa suite, un renard gris la pourchassant sans relâche ! Je suis restée sans voix.

Les Roosevelt Elk, presque aussi grands que des éléphants. Presque.

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Une belle fin d’après-midi dans le magnifique Redwoods National Park en Californie a révélé des surprises inattendues. La lumière, déjà, exceptionnelle. Les plages, sans doute encore plus spectaculaires. Mais aussi, les cerfs Roosevelt, animaux endémiques de la région, et inconnus au bataillon avant d’en croiser une harde. De près. De très près. A un mètre de ma voiture de location qui n’était pas sensée être là (car pas assurée sur les chemins non-goudronnées) et sur laquelle je commençais à imaginer d’innombrables impacts de bois de cerfs. Je me méfie énormément des cervidés, des animaux que j’imagine extrêmement violents, cachés sous leur nonchalance trompeuse. Bon, j’en fais peut-être un peu trop, mais j’ai eu plus peur en croisant des cerfs de Virginie que des veuves noires.

Un conseil de survie : Ne jamais croiser leur regard. Non, sans rire, mieux vaut éviter de se retrouver à proximité du mâle dominant qui fait 2 mètres au garrot.

Rester sans voix devant un troupeau de bisons

Au détour de la magnifique route 67 menant à la rive Nord du Grand Canyon, à la sortie d’un virage, paissant paisiblement sur une prairie de haute montagne… Des bisons. Les animaux iconiques de l’Ouest Américain. Somptueux, nobles, magnifiques : mon cœur s’est soulevé au moment où je me suis rendue compte de quels animaux il s’agissait. C’était comme dans un songe…

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Chipmunks, zoziaux et bestiaux divers

J’ai eu la chance de voir à plusieurs reprises des marmottes endémiques à Capitol Reef National Park, ainsi qu’une sorte de ragondin, très difficile à croiser ! Mais il faut avouer que les rencontres avec des rongeurs, biches, oiseaux, antilopes d’Amérique, geckos et chauve-souris sont moins spectaculaires à raconter. Et pourtant, j’en garde un souvenir tout aussi impérissable !

Un véritable moment de grâce : apercevoir un lynx

C’est sans doute l’un des moments les plus émouvants de ma vie de voyageuse en Utah. Et même plusieurs années après, je mesure ma chance, et j’en ai toujours la gorge serrée. Alors que je roulais tranquillement sur la route menant à la Kolob Terrace, à Zion National Park, j’ai freiné brusquement au détour d’un virage. Pendant un quart de seconde, mes yeux se sont fixés dans les yeux d’un énorme félin, que je n’ai pas eu le temps d’identifier sur le coup. C’est lorsqu’il a sauté prestement dans les fourrés, que j’ai vu sa petite queue en forme de pompon, que j’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’un mountain lion (ou cougar), mais d’un lynx (bobcat). En fin d’après-midi, c’était encore plus surprenant d’en croiser un. Après avoir parlé avec des rangers pour leur notifier l’emplacement exact de cette rencontre, ils m’ont confirmé que j’avais eu une chance inouïe. C’est un souvenir que je chérirai toute ma vie !

6 Comments

  • Reply
    Lucile
    5 septembre 2016 at 14:36

    L’apparition presque irréelle des bisons reste vraiment un souvenir fort de mon séjour dans l’ouest américain !
    Je me souviens du silence qui a suivi dans la voiture avant de laisser place à notre émerveillement !

    • Reply
      isa
      5 septembre 2016 at 15:03

      Rhalala c’est exactement ça ! Nous fêtons cette semaine les 6 ans de notre voyage… Gravé pour toujours :)

  • Reply
    Paupau
    5 septembre 2016 at 22:18

    Moi je veux bien que tu me saoules avec tes histoires d’Ouest US. Et comme ça tout le monde est content
    Par contre, la tarentule à Zion, j’en garde un souvenir moins enthousiaste !

    • Reply
      isa
      6 septembre 2016 at 10:09

      J’ai pensé à toi très fort en écrivant ces lignes sur les tarentules. Mais finalement, notre alliance fonctionne plutôt pas mal : tu fais mon brise-vertige, et je fais ton brise-tarentule ! On remet ça quand ?

  • Reply
    Zhu
    6 septembre 2016 at 01:01

    « Mon conjoint, d’ailleurs, vous remercie de votre attention, ce qui lui permet de pouvoir retourner vaquer à ses occupations. »

    J’ai explosé de rire. C’est entre autres pour ce genre de phrases que j’aime tant te lire :-D

    Je rêve e voir des bisons, c’aurait été bien qu’ils n’aient pas été massacré au Canada :-/ Par contre, les tarentules et les serpents, heu… nettement moins. J’ai eu quelques frayeurs en Australie, nan-merci-ça-va-aller. Bon, l’avantage de la tarentule, c’est que vu leur taille, on ne peut pas les louper.

    On a plein de chipmunks ici, trop mignons. Mark est toujours surpris que, contrairement au film, ils ne parlent pas :lol:

    • Reply
      isa
      6 septembre 2016 at 10:10

      Hihi ! C’est pas tous les jours facile, pour lui ! :-D

      Il y en a dans un parc national en Alberta ou dans la Saskatchewan, je crois… Mais c’est vrai que maintenant que tu le dis, je n’ai jamais entendu parler des bisons canadiens. Il va falloir que vous alliez dans l’ouest américain un jour ou l’autre, alors ! :D
      Ouais mais en Australie c’est pas pareil, il n’y a pas qu’un seul animal mortel au cm2, il y en a CENT. Comme Mark, je préfère les chipmunks…

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