Europe

Séville, la belle andalouse

7 septembre 2015

Un titre d’article bien commun pour une ville qui est tout sauf commune…

Je viens d’apprendre que Séville a pour devise « No madeja do » (No me ha dejado – Elle ne m’a pas laissé). C’est exactement ce que ressens en pensant à Séville. Depuis que j’ai quitté la ville, je n’arrête pas d’y penser. Je ne vois qu’une explication : Séville m’a ensorcelée.

Mon séjour andalou, en pleine canicule du mois de juin, a été l’occasion de renouer avec mes racines espagnoles. L’Espagne m’avait terriblement manquée, 5 ans sans y mettre les pieds était beaucoup trop, pour moi. Découvrir l’Andalousie était une priorité-voyage, qui m’a propulsée à Séville.

Séville et ses rues tortueuses

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Je crois ne m’être jamais autant perdue que dans Séville. Je peux me vanter d’avoir plutôt un bon sens de l’orientation, mais cette ville m’aura eue ! Je ne savais jamais où j’étais, et même avec une bonne carte, je m’égarais. Et je ne peux même pas accuser la chaleur écrasante… Les rues du centre de Séville sont tortueuses, parsemées d’églises parées de magnifiques clochers, qui sont tellement nombreuses qu’elles ne peuvent même pas servir de point de repère !
Même dans les quartiers les plus touristiques, aux environs de l’Alcazar et de la cathédrale, je n’ai pas eu l’impression d’une ville colonisée par les touristes. Peut-être se sont-ils eux-aussi massivement perdus dans les nombreuses rues piétonnes…

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Plongeon dans l’Alcazar

L’Alcazar, palais emblématique de la ville, m’a laissé une impression mitigée. Les jardins ainsi que certains bâtiments sont absolument sublimes et m’ont scotchée mais… le flux de visiteurs n’est pas très bien régulé et la visite peut vite devenir pénible. Sans compter sur une chorale allemande qui chantait à tue-tête des chansons traditionnelles teutonnes pour profiter de l’acoustique des lieux. C’était surréaliste, mais surtout très désagréable pour les autres visiteurs. L’Alcazar, c’est comme une église pour moi. On se tait, et on ouvre grand les yeux.

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Les murs, les plafonds, les sols… Tout est une véritable dentelle magnifiquement ouvragée. On ne se lasse pas de parcourir les différentes salles, parsemées de jardins et de bassins.
L’obscurité des pièces à vivre laisse place à la lumière éclatante des jardins, et ainsi de suite. Les fontaines, bien que nombreuses, sont, à ma grande déception, très mal entretenues, nous livrent tout de même un bout de l’art de vivre arabe. Les jardins de l’Alcazar sont sublimes même si j’ai été déçue par le peu de soin apporté au choix du mobilier urbain (des bancs en bois vert, non, franchement, ça le fait pas, dans un jardin historique) et par l’absence générale d’intérêt pour le détail.

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Le quartier de la Alfalfa et le parc María Luisa

Le parc María Luisa, où se trouve la très fameuse Plaza de España, est annoncé comme un « magnifique oasis de verdure » mais m’a paru… négligé. Le parc est sans grand intérêt, les bassins sont complètement laissés à l’abandon, et ce qui devait être une balade de plusieurs heures a finalement duré bien moins longtemps. Autre grosse déception avec la Plaza de España, que j’avais peut-être trop anticipée. plaza-de-espana-seville

La place n’a finalement pas un grand intérêt architectural (on dirait du carton-pâte) qui plus est est envahit par des hordes de touristes (chinois) assez peu respectueux des lieux. Malus supplémentaire : la saleté des bassins… Eh oui, encore une fois !

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J’ai fuis pour me rendre dans le quartier de la Alfalfa alentour. Une superbe découverte : les rues sont tortueuses, pavées, et la circulation automobile ne vient pas troubler la tranquillité des lieux. Les petites places sont aussi nombreuses que les églises ! Il est extrêmement agréable de s’arrêter boire un café accompagné d’une bonne tartine à la tomate, avant d’entamer la découverte de la Casa de Pilatos. Ce musée-manoir privé offre de beaux jardins où il est agréable de flâner. L’audioguide épouvantable ne vous aidera pas vraiment à découvrir ces lieux charmants… Il suffit donc de se laisser guider par ses pas ! C’est un véritable lieu de recueillement au cœur d’une ville bouillonnante.

Traversons le Guadalquivir : Triana

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Quartier toujours artisan et authentique, le Triana est sans hésiter l’endroit de Séville que j’ai le plus apprécié. Le quartier s’éveille à 21 h, heure où les premiers Espagnols commencent à prendre l’apéro avant de tapear. Sans hésiter, je suis leur exemple ! Je m’adosse au bar d’un des lieux les plus réputés du coin (et pourtant, on ne peut pas dire que les prix soient excessifs, bien au contraire). Je commande au hasard, et j’accompagne le tout d’un bon tinto de verano. Joie et félicité. Le goût de l’Andalousie. Tout est noyé dans une huile d’olive délicieuse. Je retrouve les goûts de mon enfance… Olives, jambon, espadon, friture, charcuterie diverse. Savourons ce moment. Petit à petit, le bar se remplit, mon verre de tinto de verano aussi. Le volume sonore est très élevé. A 22 h, la soirée ne fait que commencer pour la grande majorité des Sévillans. Epuisée par une journée de visite, je me contente de monter sur le toit de mon immeuble pour profiter des dernières lueurs de la journée.

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Ce qui m’a frappée à Séville, ce ne sont pas ses jolies rues, ni ses jardins, ni ses monuments. C’est l’ambiance si particulière de cette ville. On sent que les gens sont heureux d’être là, qu’ils sont fous amoureux de leur ville, qu’ils sont passionnés. Mais on sent aussi que la crise financière a touché de plein fouet l’Espagne… Pour autant, les Sévillans continuent à sortir et à faire de la musique, ils ne se laissent pas abattre ! Ils débattent sur les terrasses des cafés, ils refont le monde. Ils sont optimistes et pessimistes en même temps. C’est une joie mélancolique… comme le tango qui résonne le soir dans les rues.

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4 Comments

  • Reply
    Cynthia
    7 septembre 2015 at 19:43

    Ton récit me donne encore plus envie d’y aller !

    C’est marrant par contre, on attends souvent beaucoup de monuments ou d’endroits célèbres mais c’est le plus souvent en se perdant qu’on vit les plus belles expériences.

    • Reply
      Isa
      9 septembre 2015 at 11:37

      Je suis tes récits depuis quelques années et je suis sûre que Séville pourrait te plaire !

      Oui, se perdre, de plus en plus… Je ne prends même pas de carte avec moi ! Bon, là, j’y serais encore, j’avais vraiment pas le choix :D

  • Reply
    Zhu
    8 septembre 2015 at 02:39

    Par l’atmosphère que tu décris et les photos, ça me fait penser à l’Argentine. En tout cas, ça paraît bien loin du bordel qu’est Barcelone!

    • Reply
      Isa
      9 septembre 2015 at 11:36

      J’ai entendu parler de la mélancolie argentine… :)
      Barcelone c’est effectivement un joyeux bordel qui a son charme… Mais c’est tellement pas l’Espagne que je connais et que j’aime ! :D

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