France

#Aligotrip Découverte du sud-ouest aveyronnais

6 octobre 2017

Une fois de plus, mon été a été très français, après Arcachon, j’ai eu envie de Sud, de chaleur et… de désert.
Après avoir passé quelques jours dans le Lot pour le traditionnel 15 août dans la maison familiale, l’idée aller dans l’Aveyron s’est dessinée naturellement. Et d’ailleurs, pourquoi l’Aligotrip ? Cette merveille fromagée de l’Aubrac se retrouve à peu près dans toutes les fêtes de villages des régions environnantes. Le road-trip a donc commencé par un premier aligot, que je n’ai pas pris en photo, tout simplement parce qu’il y a des choses plus importantes à faire (= le dévorer). Je ferais décidément une si mauvaise instagrameuse… Accompagné d’un très mauvais Cahors rouge, c’était un cocktail détonnant pour mon estomac mais… je ne regrette rien.

J’aime tellement ces fêtes de village, ces fêtes estivales, où l’on peut, le temps d’une soirée, juste bien manger, en regardant les gens, jeunes et anciens, se réunir à la même table ! J’ai découvert que dans l’Aveyron, on appelait ça les marchés de pays. De nombreux stands de paysans du coin viennent cuisiner leur production (le canard, la brebis et l’aligot sont rois), alors que les enfants profitent de la vogue installée sur la place du village.

Après un passage rapide par Cahors, par les contrebas de Puycelsi et par Albi, les petites routes tortueuses nous emmènent dans le Sud-ouest de l’Aveyron. Les sombres forêts de sapins succèdent aux forêts de chênes verts : le paysage m’a rappelé celui de l’Ardèche méridionale, en plus sauvage encore, mais aussi en plus austère. Saint-Sernin-sur-Rance était la première étape de cette découverte Aveyronnaise. A Saint-Sernin, j’ai eu la chance de découvrir un pan de l’Histoire régionale, entremêlée avec l’histoire personnelle d’un ami. Il n’y a rien de plus chouette que de découvrir une Histoire complètement subjective, passant par le prisme de la sensibilité d’un local.
Ce qui me frappe, à Saint-Sernin, c’est d’abord la profusion de ruines d’immeubles au centre-ville. Je ne sais pas encore si c’est lié au fait que ce soit le 15 août (période morte dans la plupart des zones non-littorales françaises) ou que c’est uniquement parce que la région est en très forte déprise. Heureusement, l’âme du village, le bar (!!!) tient bon.
Saint-Sernin est une belle bourgade, surtout connue pour son enfant sauvage et ses statues-menhirs contemporaines aux pyramides d’Egypte.

Le road-trip se poursuit en direction de Camarès, célèbre pour ses rougiers : une terre riche en oxydes de fer promet un paysage rougeoyant. Depuis la route, j’ai parfois des réminiscences de l’Ouest américain (en particulier de la route 89 A traversant Marble Canyon jusqu’à Lee’s Ferry, en Arizona) et c’est peu de dire que ça me donne la banane ! En revanche, depuis le point de vue du Château de Montaigut, qui s’annonce pourtant panoramique, le paysage me fait bien moins vibrer. La chaleur, le manque de visibilité à cause de la brume et le chantier en contrebas laisse moins rêveur. On ne voit finalement pas tant les nuances de rouges promises par les guides touristiques… Ou c’est peut-être tout simplement que j’avais, malgré moi, en bonne dingue de l’Utah, des attentes irréalistes.

Brusque est la dernière étape avant de poursuivre vers le tant attendu plateau du Larzac. Pourquoi Brusque ? Aucune idée. C’est un petit village aveyronnais parmi tant d’autres… Rien de notable, et pourtant, c’était sans doute la plus belle découverte du séjour. Brusque est un village en forte déprise, en témoignent les nombreuses affiches engagées arborées sur les balcons du centre-ville. Si certains villages tirent leur épingle du jeu (Camarès, par exemple, qui semble moins mort que les autres villages du coin), Brusque est l’illustration de la désertification des zones rurales. Les commerces ferment un à un, et les centre-villes alignent des façades que l’on imagine belles, mais qui sont aujourd’hui délabrées. Certains immeubles, d’ailleurs, n’ont plus de toit ni de plancher. En se promenant dans ces villages, on a une sensation douce-amère. Que va t-il se passer quand le gérant du seul commerce du village, le bar PMU, va prendre sa retraite ? Et que deviennent les personnes âgées trop vieilles pour partir ? Est-ce que l’on peut faire quelque chose pour raviver ces jolis coins de France ? Quand je visitais la Lorraine et ses hauts-fourneaux abandonnés, je me disais que ça n’allait pas être simple. Pourtant, en visitant le Sud-Aveyron, on constate rapidement une chose : cette région est incroyablement facile à valoriser du point de vue touristique. Après tout, les touristes vont déjà en masse (relative) sur le Larzac et dans les alentours de la Dourbie, alors pourquoi pas ici ?
La région de Brusque possède de magnifiques forêts propices aux randonnées, et, d’après les locaux, de superbes parcours de pêche dans le Dourdou, sans oublier le festival de musique sacrée et du monde de l’Abbaye de Sylvanès, à seulement quelques kilomètres de là. Il manque peut-être une impulsion pour faire venir les touristes… Comme si ce territoire un peu endormi manquait de peu pour se réveiller. Il y a tout de même, à quelques encablures de là, un village vacances VVF qui nous a paru très agréable, donc l’infrastructure est là !

Dans ce petit village se trouve aussi un endroit merveilleux, la maison d’hôte Le Fuste. Je ne parle pas souvent des hébergements visités (parce qu’il y a tripadvisor pour ça !) mais là, j’ai été soufflée. En plus d’être gentiment accueillis par des amoureux de leur région, très branchés environnement (et de déguster un petit-déjeuner tout fait maison, absolument d’enfer), la maison en elle-même est exceptionnelle. Les propriétaires ont construit de leurs propres mains… un chalet en bois ! C’est un peu plus commun en Haute-Savoie qu’en Aveyron. La chambre Elisa est une merveille qui possède une baignoire en bois ! J’ai rarement aussi bien dormi que sur cette literie magique… Et tenez-vous bien, pour une chambre sublime de 25 m2, nous avons payé 62 euros en période estivale. C’est toucher du bout des doigts le luxe, sans se saigner pendant des mois.

Comme quoi, parfois, il faut juste se laisser porter par les opportunités trouvées au hasard pour passer de bons moments…

4 Comments

  • Reply
    Zhu
    7 octobre 2017 at 01:37

    C’est une plongée dans la France rurale (est-ce que l’adjectif est exagéré? Façon, si y’a pas une FNAC, c’est « rural »??) qui me fait envie. Par ontre, sous le soleil et en été… je trouve la campagne et les villages tristes l’hiver.

    Je crois que je n’ai jamais goûté l’aligot. Erreur, erreur! Je rattraperai ça un jour.

    • Reply
      Isa
      10 octobre 2017 at 08:47

      Je crois que rurale n’est pas du tout exagéré ! (j’adore ton indicateur de ruralité, tous les géographes devraient s’en saisir :-D)
      Effectivement, ça peut être vite triste, en novembre… Sauf s’il y a du relief (je trouve que ça change tout)… et de la neige !! :D

  • Reply
    Mitchka
    10 octobre 2017 at 08:42

    ça fait plaisir de te retrouver !!
    d’abord j’adore la photo d’entête, je devais te le dire :)
    deuxièmement, je connaissais pas le mot « déprise » … j’ai appris un truc !
    Troisièmement, je ne sais pas comment on peut faire revivre nos campagnes à part avec le tourisme effectivement. mais est-ce suffisant ?? j’en doute …

    • Reply
      Isa
      10 octobre 2017 at 08:49

      Huhu, merci !
      C’est une photo de Saint-Sernin (et merci !)
      Ca fait longtemps que j’ai quitté les bancs de la fac (géographe ruraliste !) mais je trouvais que c’était les sujets les plus passionnants. Au final, je travaille plus vraiment dans le développement rural, mais je crois que j’aurais bien aimé ça (peut être y revenir un jour).
      Il y a certains coins qui sont tellement difficiles à valoriser touristiquement, mais en passant par le Sud Aveyron, je me suis dit que la région avait tellement d’atouts naturels, qu’il y avait tellement à faire !

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