PVT Canada 2020 Road trip Québec & Maritimes

Sur les routes canadiennes #4 : un jour parfait sur la route 7 – Nouvelle-Écosse

2 mars 2021

Alors que certains articles de ce road trip compilent des semaines entières, celui que vous vous apprêtez à lire ne racontera qu’une seule journée, une belle et magnifique journée, celle où nous avons quitté notre volontariat et où nous avons enfin pris la route jusqu’à Antigonish, aux portes du Cap Breton. Ce fameux Cap Breton nous a été conté avec amour et délicatesse par les blogueurs Retours du Monde, qui en ont tiré un magnifique carnet de voyage automnal. On s’est inspirés, bien sûr, de leur itinéraire et de leurs envies (qui sont souvent les mêmes que les nôtres), sans pour autant vraiment planifier notre petit road trip. Une chose était sûre : destination le Cap Breton !

Le voilà, le jour tant attendu de la libération après notre confinement néo-écossais. Nous nous levons sous un magnifique soleil : dernier nourrissage et câlins des poules et des chèvres (qui nous manqueront bien plus que nos hôtes) et c’est parti. Nous sommes beaucoup trop impatients de prendre la route. Deux semaines sans monter en voiture, sans sortir de la ferme, ça entame quand même le moral et ça éprouve ma patience, l’appel de la route est évidemment trop présent pour ne pas résonner dans ma tête comme un mégaphone. On a une réservation le soir à Antigonish et c’est à peu près tout, on a tout une journée pour faire un peu plus de 200 km, et évidemment, on choisit la route la plus longue, celle qui a le plus joli nom et qui promet les plus beaux panoramas : la Marine Drive, la route 7 qui longe l’océan atlantique d’Halifax à Antigonish. On nous a dit plusieurs fois, avant de quitter le Québec, que la Nouvelle-Écosse avait beau l’air d’être une minuscule île à l’échelle du Canada, les distances sont bien plus longues qu’elles n’y paraissent… Ce qu’on constatera effectivement pendant ces cinq semaines !

Les Caraïbes en Nouvelle-Écosse : Taylor Head Provincial Park



Première étape, premier parc provincial. Le soleil radieux commence à se cacher derrière des nuages menaçants et surtout… Ce vent, encore une fois, cette fois-ci le vent de l’Océan, qui nous fait tituber à chaque fois qu’on sort d’un refuge naturel. La plage de Taylor Head, protégée, est calme, même si on n’ose pas imaginer sa fréquentation hors temps de Covid. Le sable est d’un blanc éclatant, comme celui de certaines plages martiniquaises, et on a du mal à croire qu’on se trouve au Canada (indices : l’eau glaciale et les sapins plutôt que les cocotiers en bord de plage). Ce petit parc est tellement doux, les chemins en bois qui serpentent à travers les arbres nous donnent l’impression d’être dans une forêt enchantée, qu’est-ce qu’on se sent bien, après ces deux semaines à être si proches de l’océan sans même pouvoir y aller.

La route 7 traverse de nombreux villages de pêcheurs sinistrés, il n’y a plus âme qui vive et les seuls témoins de l’activité humaine sont des bâteaux rouillés et percés, échoués, en cale sèche sur le rivage, et qui ne retoucheront jamais la mer. On se sent un peu dans un coin déserté, alors que jusque là, nous avions trouvé les villages de Nouvelle-Écosse plutôt « riches et cossus » par rapport à ceux de ses voisins néo-brunswickois.

La route serpente entre océan et forêts de sapins, presque tous brûlés par plusieurs étés de sécheresse. Ma petite crampe ventrale habituelle d’éco-anxiété arrive discrètement en voyant ces forêts complètement desséchées (on est au Canada, bon dieu…). Nous avons heureusement la chance de pouvoir observer, haut perchés sur les sapins, de nombreux pygarges à tête blanche : c’est vraiment une grande émotion, c’est la toute première fois que j’en vois, malgré de nombreuses sessions d’observation dans les parcs nationaux du pays voisin, ou l’american eagle est censé être au moins aussi répandu que les coqs bruns en France.

Le village historique de Sherbrooke en Nouvelle-Écosse

Pause pique-nique à mi-chemin : on s’arrête au hasard à Sherbrooke (encore une fois, voilà un road trip bien préparé ;-) ). Après avoir demandé aux caissières du supermarché local s’il y avait un endroit sympa où profiter de ce magnifique ciel gris et menaçant, nous nous installons à l’entrée du village historique de Sherbrooke, en ayant absolument aucune idée du ravissement que cette visite allait nous procurer. Toujours sans savoir dans quoi nous nous embarquions, nous sommes allés prendre deux billets pour une visite guidée du village (qui, cet été, était sous forme d’un don libre à l’association de préservation historique). Une dame en costume accueille notre petit groupe de 6, et c’est parti ! Nous découvrons avec émerveillement des rues et des bâtiments restaurés (mais pas reconstruits) datant de 1860. La grosse vingtaine de maisons historiques sont colorées et ravissantes ! Hélas, cette année, à cause de la pandémie, nous ne pouvons pas nous-mêmes visiter le village en étant costumés (j’aurais évidemment adoré), mais nous avons l’immense chance de n’être qu’une dizaine de visiteurs, pouvant profiter à loisir des lieux, en prenant notre temps et dans le calme. Les échoppes du forgeron, de l’imprimeuse, de la potière et du menuisier sont tout de même ouvertes, et nous pouvons assister à des démonstrations d’artisanat – utilisant les mêmes techniques qu’à l’époque. Le village préserve aussi les savoir-faires et tout ce patrimoine canadien vivant ! Je ne peux pas résister à la tentation de titiller notre guide sur l’héritage mic-maw et acadien du village avant l’arrivée des Anglais (un pan de l’histoire de Sherbrooke qui est un chouïa oublié pendant la visite guidée) et elle est heureusement intarrissable. Les maisons « de vie » sont occupées par des guides jouant les rôles de leurs propriétaires en 1860 ; c’est une douce incursion dans l’histoire par le quotidien des gens… Et c’est ce que j’aime le plus ! Le village historique n’est pas séparé du village contemporain ; il y a d’ailleurs encore une famille qui y vit et qui a souhaité y demeurer même après son classement en zone historique protégée. Sherbrooke demeure aujourd’hui l’un de nos coups de coeurs en Nouvelle-Écosse, comme quoi (et je le dis toujours) : lors d’un road trip, le hasard fait toujours bien les choses.

Retour sur la route : Antigonish nous attend

Mais puisque cette après-midi n’est hélas pas éternelle, nous devons reprendre la route, cette belle route 7 qui serpente entre les forêts, du Nord au Sud de la Province, pour rejoindre Antigonish où nous avions réservé le motel le moins cher du coin – pourtant autour de 150 dollars (oui, voyager au Canada, ça coûte toujours aussi cher). L’orage gronde et ça ne prend que quelques minutes pour que nous ne voyions même plus le paysage à cause des pluies torentielles. Il n’y a personne sur la route ; ça a son charme… On n’attendait pas grand chose de cette soirée à Antigonish, si ce n’est notre premier resto depuis le mois de février : une soirée dans le pub The Townhouse, à déguster tantôt des bonnes bières locales tantôt des cocktails au mezcal, l’ambiance est géniale, tout nous parait merveilleux et délicieux : c’est le point culminant de notre premier jour de liberté. Il nous semble aussi que c’est le point de départ de merveilleuses semaines à venir dans les provinces maritimes (et on ne s’était pas trompés !). Demain, on part pour le Cap Breton, enfin.

Une chanson, une lecture, une couleur, une odeur – une journée de liberté

Une chanson pour un état d’esprit :

Divine Fits est un « supergroupe » mêlant les talents de Britt Daniel (Spoon) et Dan Boekner (Handsome Furs, Wolf Parade). Cet album est sans doute tombé dans l’oubli mais je l’aime toujours autant. Pour moi, il symbolise une journée de road trip en Utah, près de Dinosaur National Monument, où je me sentais particulièrement libre et en phase avec moi-même… Et c’est celui que je mets quand je sens que ce sentiment revient, comme pour l’ancrer. Il était donc parfait pour cette première journée de liberté.

Une lecture qui aura marqué ce moment :

Il faut rendre à William et à Cécile ce qui leur appartient : c’est le récit de leur road trip au Cap Breton qui nous a bercé pendant des nuits sans sommeil et qui nous a donné envie d’y aller. Même après plusieurs années, je ne m’en lasse toujours pas !

Une couleur :

Le bleu, ce magnifique bleu translucide d’une mer d’huile ♥

Une odeur :

Celle de la pluie, encore ! On aurait dû se méfier, il commence quand même à beaucoup pleuvoir, pour un mois d’août…

3 Comments

  • Reply
    Retour du Monde
    2 mars 2021 at 16:04

    Merci pour ce petit clin d’oeil de ce bout du monde qui nous a vraiment marqué !

  • Reply
    Audrey
    3 mars 2021 at 18:30

    Je note Sherbrooke, dont je n’avais jamais entendu parler, que ta description me donne follement envie d’aller visiter dès que les frontières provinciales seront rouvertes (j’adore les villages historiques). Par contre, j’adore Antigonish, une mini ville qui fait toujours une bonne escale quand je vais dans ce coin de la province (pas aussi souvent que j’aimerais, hélas).

    • Reply
      isa
      3 mars 2021 at 18:34

      A vrai dire, j’avais pensé à toi à Sherbrooke et je m’étais dit que ça pourrait te plaire. En plus de la visite en costumes qui était fermée cette année, le photographe qui utilise des appareils d’époque était fermé cette année : on aurait adoré avoir notre photo old school… Les guides nous ont tous dit que pour eux, c’était pendant le festival de Noël qu’il fallait visiter Sherbrooke et que c’était magique ! On est vraiment repartis avec des étoiles plein les yeux :)
      Antigonish est mignon, effectivement !!

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