PVT Canada 2020 Road trip Québec & Maritimes

Sur les routes canadiennes #12 : journée de l’enfer à l’île Bonaventure en Gaspésie

5 novembre 2022

Le parc national de l’île-Bonaventure-et-du-rocher-percé était certainement une aventure…

Frigorifiés dans la Baie des chaleurs

Le retour au Québec nous enthousiasme énormément, on a pas tant le coeur pincé de quitter les Maritimes, étonnamment. Ca fait du bien de retrouver le chaos québécois.
Après un passage express dans la Baie des Chaleurs, et en particulier à Carleton-sur-Mer qui n’a plus grand chose à offrir une fois que les estivants sont rentrés, nous emprutons la belle route côtière 132. Comme tous les touristes, nous nous arrêtons à Bonaventure pour espérer voir la célèbre rivière transparente qui fait la renommée touristique du coin. Hélas, la météo ne joue pas en notre faveur et la rivière ne reflète que les épais nuages gris qui se déplacent à toute vitesse dans le ciel. Les rafales de vent atteignent 80 km/h et nous avons du mal à rester statiques sur le front de mer. Heureusement, notre camping est un peu plus loin dans les terres, au coeur de la forêt.

La nuit tombe maintenant très tôt, et surtout, il fait extrêmement froid. On sent que nos jours de camping sont bels et bien comptés… Notre budget va certainement en prendre un coup.
Je lance un beau feu de joie (une de mes compétences majeures, héhé), je joue quelques morceaux hasardeux au coin du feu… Et nous rentrons nous réfugier dans la tente. Demain, on part pour la Gaspésie.

Sur la route de Percé

A l’été 2020, tout le monde veut aller en Gaspésie. C’est la destination n°1. Et apparemment, la saison a été rude pour les locaux qui ont connu beaucoup d’incivilités de personnes peu habituées aux règles des vacances en plein-air, et qui au demeurant s’en foutaient un peu. Heureusement, nous arrivons bien après la transhumance. La solitude est omniprésente le long de cette route 132. Le soleil revient et le vent se couche un peu, aussi. On sort le réchaud pour se faire cuire quelques pâtes devant une belle plage traversée par une voie ferrée. J’adore ce genre d’ambiance. Etonnamment, j’ai l’impression de voir un paysage de l’Oregon ! Je sens que je vais aimer la Gaspésie, ça ne ressemble à rien de ce que je connais du Québec.

Les petits villages regardant l’océan s’égrainent le long de la côté. Je ne peux pas m’empêcher de m’arrêter en apercevant un magnifique cimetière surplombant la falaise. Comme d’habitude quand j’en crois un, je peux y passer des heures, à lire les tombes et essayer de deviner l’histoire de ces défunts, l’histoire des lieux, comment ils vivaient… toujours avec une grande émotion. C’est le deuxième très beau cimetière que nous croisons, après celui de Louisbourg en Nouvelle-Ecosse.

Ce soir, nous campons en face de l’océan, à Percé. Le brouillard tombe aussi brusquement que la nuit, nous finissons notre souper au milieu d’une purée de pois. Et surtout… Il fait froid, si froid. J’en ai passé, des nuits épiques, dans ma vie de campeuse… Et même comme ça, je me souviendrai bien de celle-là ! Nous avons dormi tout habillé, avec nos manteaux d’hiver (rappelons le, ce sont des manteaux permettant de survivre à -30°C au Canada) et avec notre duvet prévu pour -12°C. Parait-il que la meilleur stratégie est de dormir nu-e, mais alors autant vous dire qu’on était pas super motivés. Il faisait SI humide ! Mais ça vaut le coup, car demain matin, on prend la mer pour aller enfin au Parc national de l’Ile-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé, un haut-lieu du tourisme gaspésien.

Pince-mi et Pince-moi sont sur un bâteau…

Mon compagnon de vie et de route va acheter nos billets de bateau pour la traversée pendant que je finis de ranger notre campement. J’adore plier la tente trempée… C’est toujours une bonne idée…
Au guichet, le marin le prévient qu’en cas de mer agitée, il n’y a pas de remboursement. Disons que ça aurait pu lui mettre la puce à l’oreille… Pourtant, même si le ciel est bas et les nuages épais, la mer est d’huile. C’est sereinement et avec une grande impatience que nous traversons la baie, en 40 minutes et avec un petit détour pour admirer le rocher percé de plus près.


L’île, devenue parc national, nous permettra de nous rapprocher d’une incroyable colonie de fou de Bassan, la plus grande au monde, 120 000 individus. Nous optons pour la plus longue balade nous emmenant à la colonie, celle qui serpente doucement le long de la falaise et qui nous permet aussi de nous imprégner de l’histoire des lieux, celle des pêcheurs du 19e siècle. Les vues sur le rocher percé sont imprenables, tout comme les belles rencontres poilues. C’est infiniment cliché, mais c’est un lieu hors du temps, on se sent extrêmement privilégiés.

Le temps se gâte en quelques dizaines de minutes et nous décidons de prendre un bateau 2h plus tôt que prévu. Nous retournons au quai de l’île à la hâte… La mer devient houleuse en quelques minutes, je commence à appréhender énormément. Je suis victime du mal de mer, même dans les lieux inoffensifs au premier abord (= la lagune de Venise…). Qui plus est, je suis très terrienne et je ne suis vraiment pas rassurée sur tout engin qui flotte.

Pince-mi commence à vomir…

 

Lorsque nous voyons à l’horizon que notre bateau arrive en direction de l’île, mais que 2 autres bateaux le suivent, nous comprenons que l’île va être évacuée. Je commence à grincer des dents. Nous prenons l’une des dernières places assises du premier navire et nous calons avec appréhension sur la banquette. Au bout de deux minutes, le second du capitaine distribue des sacs à vomi à tous les passagers… Je me sens bien, je refuse. Il insiste. Les vomis commencent à fuser. J’entends le second dire que nous avons des vagues de 2m40. Que nous les prenons de côté. Que le capitaine ralentit les engins pour que nous n’ayons pas trop le mal de mer. J’entends le second dire au capitaine que 80% des passagers sont malades, j’en vois d’ailleurs vomir à travers la fenêtre. J’ai un contact très intense avec un autre passager assis en face de moi, un bel homme qui me regarde très intensément pour garder un point fixe. Je le regarde, il me regarde, on vomit. C’est beau. (blague à part, nous nous recroisons par hasard le lendemain au cours d’une randonnée au parc Forillon, en souriant d’un air entendu, cela aurait pu être l’origine d’une belle romance).
1h30, on est toujours pas arrivés au port (je rappelle que la traversée dure 30 minutes max en temps normal). Je commence à paniquer, je me dis qu’on va s’échouer, je me décompose et chouine entre deux vomis, le second prend pitié de moi… Et nous arrivons, enfin. La terre ferme ! Nous sautons en voiture et quittons cette rade maudite, direction Gaspé (plutôt une moche ville industrielle) et finalement Forillon. En chemin, on arrive à trouver un boui-boui qui fait des frites surgelées : c’est les meilleures frites de ma vie.

1 Comment

  • Reply
    Zhu
    7 novembre 2022 at 01:00

    (La photo du renard est trop belle! … c’est bien un renard??)

    Oh, shit, je compatis. Déjà camper dans le froid est l’un de mes cauchemards, tu n’arrives juste pas à te réchauffer. Et le coup du bateau… j’ai fait une traversée mémorable où TOUT LE MONDE était malade pendant trois heures (on avait eu la bonne idée de prendre le bateau du Honduras au Bélize) et c’était l’horreur. Je n’ai jamais le mal de mer, mais j’ai douillé… entre le fait de voir les gens malade, les odeurs d’essence et la mer pas franchement de notre côté, j’ai cru qu’on y arriverait pas. Aucune peur de chavirer, mais c’était interminable.

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