PVT Canada 2020 Road trip Québec & Maritimes

Sur les routes canadiennes #10 : Orange comme… l’Île-du-Prince-Édouard

7 septembre 2022

C’est l’un des articles dont j’attendais l’écriture avec le plus d’impatience. Mais j’ai eu beaucoup de mal à m’y mettre, tout simplement parce que je ne voulais pas trahir le souvenir de cette merveilleuse semaine à l’Île-du-Prince-Édouard, qui a probablement été l’un des moments clés de notre beau road-trip !

Quitter une île pour une autre…

C’est un jour d’été mais c’est déjà l’automne. Nous sommes si bien, dans notre petite caravane niché à l’orée de la forêt… Mais il faut partir. L’appel de la route est moins intense qu’en début de voyage, mais il faut hélas, partir. L’air devient de plus en plus frais et sec, les feuilles d’arbre commencent à se déssecher un peu… Il n’y a pas de doute, nous ne sommes que début septembre, mais oui, c’est déjà l’automne. Nous avions prévu initialement d’aller visiter les Îles-de-la-Madeleine mais il y gèle déjà bien fort la nuit. Nous savons qu’une course contre la montre commence si nous voulons aller voir le temps des couleurs au Québec !
Alors… Nous quittons la merveilleuse vallée d’Annapolis pour prendre le ferry au petit matin. Ferry qui nous amène sur l’Île-du-Prince-Édouard, ou plutôt sur l’Île Saint-Jean, comme nous le fait remarquer un acadien qui engage la conversation avec nous pendant la traversée. En ce temps de fermetures de frontières provinciales, nous avions peur d’être refusés par la police aux frontières mais tout va bien : notre long séjour en Nouvelle-Écosse rassure les agents.

Orange comme… les côtes de l’Île-du-Prince-Edouard

De l’Île-du-Prince-Édouard, je n’en connais pas grand chose, je sais que c’est la plus petite province canadienne et, pour avoir cotoyé des professionnels de l’immigration locale, qu’il y a une volonté politique d’y restaurer et d’y dynamiser la francophonie. Aussi, par nos hôtes de volontariat que nous venons de quitter, et qui y ont fait leur voyage de noces, que ça sent la chips de partout ! (l’explication est plus simple qu’il n’y paraît : il y a plusieurs usines de chips, dont Lays, qui fournit abondamment le reste du Canada puisque la spécialité maraîchère de l’ÎPE… C’est la patate !).
Nous débarquons au port de Wood Islands. Et… oui… ça sent la chips.

La quiétude de Summerside

Un peu fatigués par la route, nous décidons d’aller directement à Summerside, là où se trouve notre location, et l’une des seules que nous ayons trouvé à cette période de l’année. Nous traversons des champs et des petits hameaux agricoles. J’ai l’impression d’être au Canada version Polly Pocket. Tout semble petit et extrêmement paisible (les touristes québécois n’ont pas pu parvenir jusqu’ici, cette année !). Summerside est même franchement morte et tous les commerces ne sont pas ouverts. On passe malgré tout une soirée paisible, accompagnés d’une excellente IPA comme seuls les brasseurs de l’est de l’Amérique du Nord savent en faire ; escale à la laverie (événement joyeux du road-tripper) ; escale à PEI Cannabis : cette semaine sera sans aucun doute aussi douce qu’elle en a l’air.

Sur les routes côtières

Nous nous réveillons tôt : les vitres de notre appartement sont gelées. Je crois qu’on a bien fait de mettre de côté le camping pour un petit moment… On a pas trop de plans, si ce n’est celui de remonter jusqu’au cap le plus septentrionnal de l’île en prenant la route côtière, la route 14. À peine 2 h de route pour traverser toute une province canadienne !
On est au paradis. L’herbe haute des prairies ondule avec le vent de l’océan, seulement interrompue par les falaises abruptes. De nombreuses fermes me semblent beaucoup trop proches de l’océan ; cela ne fait aucun doute, cette belle côte orangé s’érode à grande vitesse. Il n’y a personne sur la route ; on admire, conscients d’être extrêmement chanceux dans notre malchance de cette expérience PVT en 2020.
Au Cap Nord : pas grand chose à voir, pas grand monde non plus. Comme souvent, c’était la route le plus important, pas la destination !


Nous redescendons doucement par l’autre route côtière, la route 12 ; nous faisons des détours au hasard des panneaux… Un renard traverse la route, il nous observe, on l’observe… Et on décide de se garer. C’est comme ça que nous atterrissons sur une belle plage dorée, juste au moment du bal des bâteaux de pêche rentrant au port. Les enfants sont nombreux à faire des saluts depuis la plage (nous en faisons partie). Encore un autre moment tout doux sur cette île.

Une nouvelle fois au hasard, nous tombons sur un petit kiosque maraîcher (lui aussi déjà orange, aux couleurs automnales) et nous faisons le plein pour la semaine à venir. Miam, l’ÎPE ne nous aura tout offert !

Les mille beautés du Parc National de l’Île-du-Prince-Édouard

Le seul parc national de la province, le biennommé Parc National de l’Île-du-Prince-Édouard, nous fait tellement de l’oeil que nous n’attendons pas plus pour aller l’explorer. Le parc côtier s’étend sur de longs kilomètres au nord de l’Île, de façon discontinue. La plage de Cavendish nous tend les bras (oui, évidemment que c’est parce que ce nom me fait rêver à travers Anne aux pignons verts !!). Encore une fois, c’est magnifique. Les balades dans le parc national sont extrêmement agréables sous le délicat soleil de fin d’été. L’eau est bien trop fraîche pour deux méditerrannéens, en revanche… Alors que les locaux courent dedans sans se retourner (NB : j’ai trouvé l’équivalent des Bretons canadiens).

Autre jour, autre plage : sans le savoir, nous nous dirigeons vers celle qui est à notre avis la plus spectaculaire, la plus merveilleuse de cette petite île : la plage de Greenwich. La balade débute par une exposition en plein air où l’on peut admirer divers objets d’art et d’artisanat Mi’kmaq : je pose mille questions au guide présent sur place qui n’hésite d’ailleurs pas à développer l’histoire de sa nation. C’est vraiment une initiative de Parcs Canada que nous saluons ; rien de tel que d’avoir le contexte historique d’un lieu avant de commencer à l’explorer à pieds.
Nous n’avions aucune idée de ce qui nous attendait sur le chemin. La prairie, le long d’un bras de mer, laisse apparaître les ruines d’un ancien homestead, une ferme abandonnée. Nous la quittons pour entrer dans une belle forêt comme le Canada sait si bien en faire (et pour être honnête, nous n’en avons d’ailleurs pas vu beaucoup depuis que nous sommes sur l’IPE)… Et subitement, la forêt laisse place à une merveilleuse, sublime (ok, je manque de superlatif) lagunes. A l’horizon, sans doute les plus belles dunes sauvages que j’ai vues. Je crois que je n’en avais jamais vu de ma vie, en fait. Elles sont entièrement recouvertes de végétation et parfaitement préservées. C’est magnifique. Nous avançons, seuls (et tellement privilégiés) sur le pont flottant, serpentant au milieu du malais salé, avant de rejoindre une plage sauvage et venteuse. Wahou.


Encore bluffés par cette découverte, nous retournons tranquillement à Summerside pour une autre soirée faite d’IPA et de coucher de soleil très frette. La semaine est passée tellement vite ! Nous avons l’impression d’avoir été hors du temps, hors du monde.

Orange comme… les briques de Charlottetown

Charlottetown, enfin ! La capitale de la province sera notre dernière visite. Je vais être brève : j’ai enfin trouvé mon Burlington canadien. Burlington, dans le Vermont, est la ville où j’ai toujours rêvé de vivre, où que ce soit sur terre. C’est mon Stars Hollow réel, une ville que j’aime toujours autant depuis 15 ans et ma toute première visite. C’est d’ailleurs la première ville américaine dans laquelle j’ai mis les pieds ! Et cela fait presque 15 ans que j’en cherche l’équivalent canadien, celui où je voudrais m’installer sur le long terme – ou tout au moins pendant un PVT -. Voilà, c’est Charlottetown. Une petite ville dynamique, pleine de joie, mais plutôt calme, aussi. Superbe, chaleureuse, mais dans la nature. Malheureusement, c’est en pleine période de COVID et en récession économique que nous la découvrons. On l’a envisagé pendant une heure : est-ce qu’on arrête notre road trip et est-ce qu’on reste là ? Mais ce n’est clairement pas raisonnable… Ni prudent. On a pas envie de perdre toutes nos économies à chercher un emploi et un logement que nous aurions du mal à trouver. Et puis, le COVID ne va peut-être pas finir de sitôt ; il faut que l’on retourne près de nos proches si quelque chose arrive.

On a tellement aimé Charlottetown que je pourrais en parler des heures : c’est d’ailleurs la seule ville qui me ferait retourner vivre au Canada aujourd’hui.
Le front de mer, les briques (oranges !) des vieux bâtiments, les petites boutiques quirky, les pubs comme en Angleterre, l’air frais de la mer, des petits bouts de francophonie qui s’affichent sur des devantures… Je veux revenir ici.
Mais c’est dès le lendemain que nous quittons à grands regrets l’IPE, avec toujours en tête de profiter des couleurs de l’automne au Québec, et notre volontariat qui nous attend tout le mois de novembre dans le Charlevoix. Nous traversons cette fois l’océan par le Pont des Confédérations, un monument canadien qu’il me tardait de voir. J’ai des frissons ; à la fois parce qu’il est spectaculaire, et aussi parce que nous quittons l’île qui a volé notre coeur.  Le passage de la frontière est infiniment long, une bonne heure à l’arrêt dans la voiture, avant de pouvoir montrer encore une fois patte blanche pour entrer au Nouveau-Brunswick.

Prochain arrêt, baie de Fundy !

 

1 Comment

  • Reply
    Zhu
    9 septembre 2022 at 00:37

    Ça a l’air beau mais… purée, c’est loin et dur d’accès! Je me rends compte à chaque fois à quel point explorer le Canada est difficile et coûteux (relativement parlant).

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