Montréal PVT Canada 2020 Road trip Québec & Maritimes

Sur les routes canadiennes #1 : Quitter Montréal pour l’Estrie et respirer

13 janvier 2021

C’est toujours délicat de se plonger dans des souvenirs qui datent autant : six mois, ce n’est peut-être pas tant que ça, mais il s’est passé tellement de choses, j’ai parcouru tellement de kilomètres depuis, que tout ça me parait déjà être dans une autre vie.

Mais dehors, en ce jour de janvier, il fait si gris, il pleut, je n’ai pas senti la douceur des rayons du soleil sur ma peau depuis plusieurs semaines, alors j’ai envie de retourner à l’été dernier, où tout était compliqué, mais où tout paraissait plus simple que maintenant, quand on réécrit l’histoire ! En juillet, on a quitté Montréal, une décision qui nous a fendu le coeur, mais il fallait passer à autre chose, je pense qu’on n’avait pas vraiment le choix. Et puis finalement, on a bien fait, puisqu’on serait confinés depuis trois mois dans notre petit appartement montréalais, à nouveau. Mais revenons à juillet dernier : nous avons profité de ce mois autant que possible pour visiter la ville sous une vague de chaleur, c’était vraiment fantastique. Mais on avait déjà la tête ailleurs : on devait partir. Notre plan ? Acheter une voiture et partir voyager dans les provinces maritimes, en Nouvelle-Écosse, précisément, qui était l’une des seules provinces canadiennes à accueillir des touristes (sous conditions, bien sûr !). On trouvait que c’était un objectif plutôt simple à mettre en place et on s’est lancés !

Acheter une voiture au Québec, bienvenue dans la 4e dimension

Certes, on n’avait pas un budget incroyable, puisqu’on voulait acheter une auto qui nous tiendrait au moins six mois, mais pas forcément plus. Mais… Encore une fois, le Québec ne nous a pas épargné ! Je vous raconte cette histoire soporifique en la faisant courte, mais il me paraissait important de ne pas oublier tout ça. Dans cette province, le contrôle technique à la revente n’est pas obligatoire (d’ailleurs, c’est une exception canadienne, et c’est bien pour ça que le Québec est réputée être la poubelle du Canada, tout le monde le sait, mais rien ne change). Pour éviter d’acheter une épave, notre stratégie était donc de payer (nous-même) un contrôle chez un garagiste de confiance avant de finaliser l’achat. Je vous passe le nombre de lapins posés par les vendeurs, les infos confuses (c’est le Québec)… et l’argent dépensé dans le vent chez le garagiste, puisque les trois autos qui, selon les vendeurs, étaient « parfaites ! rien à faire ! » que nous y avons passées étaient effectivement des épaves. Bon gré mal gré, on finit par renoncer à l’achat d’une voiture. Pendant un mois, j’ai passé des heures sur les sites de petites annonces pour trouver une auto digne de ce nom. On commençait à songer à se ruiner en optant pour une location, ce qui nous aurait certainement contraints à moins de liberté et à ne partir que quelques semaines… On avait vraiment besoin de liberté totale. Puis, finalement, alors que j’avais jeté l’éponge, l’annonce parfaite a paru. Un couple de pvtistes français revendaient leur magnifique Dodge Journey, un gros SUV qui consomme la totalité des réserves pétrolières mondiales aux 100 km. Grâce à leur logique française (qui est aussi la nôtre), ils avaient révisé avant d’acheter l’auto et effectué plus de 1 500 dollars de réparations nécessaires. Ils devaient quitter le Canada en urgence (maudit covid…). Pas de lapins, communication claire, discussions agréables : en deux jours, c’était réglé. On l’avait, notre liberté ! Un petit tour à Decathlon pour s’équiper, plusieurs tours dans Montréal pour déposer nos affaires à droite et à gauche chez des amis et voilà. On ferme définitivement la porte de cet appartement qu’on a tant aimé. Un pincement du côté du ventricule droit, une excitation incontrôlable du côté du ventricule gauche.

 

Bye Montréal.

Montréal, je t’aime fort, je t’aime si fort, mais j’ai besoin de faire une pause. C’est pas toi, c’est moi (même si je pense que c’est quand même un peu toi). J’ai besoin de quitter tes chaussées en travaux, ton silence pesant cet été et tes rues désertées par les touristes. On se revoit bientôt, on se reverra toujours ! Traverser le pont Jacques-Cartier, quitter enfin la ville, juste partir : je l’ai longtemps rêvé, pendant le confinement du printemps. Et cette fois, on y est. 1er août : on est sur la route. On a une semaine avant de rejoindre la Nouvelle-Écosse, semaine qu’on a dû planifier jour par jour du fait des restrictions liées au Covid (beaucoup de campings sont fermés ou complets puisque les Québécois ne peuvent pas quitter leur province cet été !). Direction ma région du Québec préférée, l’Estrie. C’était une évidence ! La question ne s’est même pas posée. On y retrouve une amie, au terme d’une journée de route plus longue que prévue, sous un soleil radieux. Objectif cueillette de bleuets ! Ça fait du bien d’être dans la nature, dans cette ferme magnifique, à me mettre du jus de bleuet plein les doigts et les lèvres et me faire moquer de ma gourmandise par les compères qui m’accompagnent. Je respire, je revis ! C’était vraiment une journée imparfaite qui était parfaite.

Hello la tempête tropicale Isaias !

On avait vu la météo, on avait vu cette info, mais il faisait si beau…! Et puis, le cerveau a tendance à mettre sous le tapis tout ce qui ne l’arrange pas. Le nôtre, en tout cas, a été super doué pour ça tout au long de notre road trip. Direction Scotstown, minuscule village d’Estrie où nous plantons notre tente pendant quelques nuits. C’est le seul camping que nous ayons trouvé dans les environs (qui ne coûtait pas un rein et qui avait encore de la place), et puis… Dormir au bord de l’eau après la saison des maringouins, c’est plutôt une bonne idée ! Le petit dépanneur du village nous donne accès à quelques produits frais pour accompagner nos soupes Amy’s Kitchen, la seule bouffe décente de road trip qu’on puisse trouver en Amérique du Nord. Nous ouvrons une coup’ de bières locales devant le coucher de soleil. L’air est frais et la soirée douce.
La première nuit est magique, malgré des voisins campeurs extrêmement bruyants (à cette époque-là, on était naïfs, on pensait que ce serait uniquement un accident de parcours et pas une constante). Le réveil au bord de l’eau avec un soleil timide et un café instantané dégueulasse est une certaine idée du paradis. On se met en route pour une petite rando au parc national Mégantic, guidés par notre amie, désormais bien implantée dans la région. Le ciel commence à s’obscurcir de gros nuages gris mais rien n’entame notre enthousiasme, on part sur les sentiers sans nos vêtements de pluie, confiants et bêtes. Mégantic est magnifique : un océan d’arbres se déroule devant nous. Même s’il faut finir la rando sous une pluie de plus en plus intense, notre moral est toujours au plus haut ! Ce soir, on campera sous la pluie et tant pis.

Sauf qu’il ne s’agissait pas tout à fait de pluie… mais plutôt de rafales de vent à 70km/heure et d’éclairs striant le ciel en continu. Nous sommes seuls dans le camping, ce dimanche soir. Aussi courageuse qu’un chaton de deux mois, je supplie mon tendre et cher pour que l’on finisse la nuit dans la voiture. Impossible de fermer l’oeil, ni sous la tente, ni dans la voiture, d’ailleurs. Alors on profite du spectacle de l’orage sur le lac, en espérant que notre tente ne s’envole pas d’ici le lever du soleil.  Il en faudra de toute façon plus que la semaine de camping sous la pluie annoncée par Meteomedia pour nous démoraliser. C’est toujours compliqué de voyager au Canada tant la météo est incertaine, c’est pas comme si c’était une surprise (bon, la tempête tropicale, on l’avait quand même pas vue venir). Je mentirais si je vous disais que je ne m’imaginais pas, parfois, les yeux fermés, camper dans mon cher désert d’Utah, là où il n’y a pas de maringouins, pas d’humidité et où les nuits sont fraîches mais paisibles. Mais je suis pas en Utah, je suis au Québec, et il faut que j’oublie cet appel du désert : je ne peux de toute façon pas y aller. Mes obsessions d’Utah, de Maine et de Vermont sont contrariées et j’espère que ça sera pour le mieux, puisqu’on va aller dans les Maritimes, vers ce bout de Canada qui me démange depuis longtemps mais qui n’a jamais été une priorité (en partie parce qu’il est toujours plus compliqué de voyager au Canada qu’aux États-Unis). Pour la première fois depuis que j’ai mis les pieds au Québec il y a douze ans, je vais l’explorer au delà de l’Estrie et au-delà de cette rive sud que j’aime tant. Il était temps ! Nous quittons l’Estrie avec un pincement au coeur, mais contraints par notre date d’arrivée en Nouvelle-Écosse. Nous prenons les routes de la Beauce québécoise, une région agricole qui n’a pas une bonne réputation au Québec. Notre GPS nous plante et nous fait passer par des routes de terre (très nombreuses ici). Entre nous, entre ça et les nids de poule, je ne sais pas quel est le pire. Nous avons l’impression de traverser le bout du monde : silos, champs de maïs, élevage, anciens bâtiments industriels effondrés… Et le contexte Covid ne nous incite pas à nous arrêter pour aller gratter un peu à la surface. Tant pis, le Bas-Saint-Laurent nous attend.

Une chanson, une lecture, une couleur, une odeur – Estrie

Ma vie a une bande son en permanence. Alors mes road trips en ont toujours eu une, que ce soit au Canada ou aux États-Unis. J’ai envie de clore chaque article de ce road trip au Canada en sollicitant certains de vos sens (comme lors de mes précédents balades sensorielles à Montréal ou sur la Côte d’Azur) :

Une chanson pour un état d’esprit :

Une lecture qui aura marqué ce moment :

Les villes de papier – Dominique Fortier

Une couleur :

Vert : celui du pont Jacques Cartier, ceux des champs et forêts de l’Estrie

Une odeur :

Celle du café instantané qui sent le brûlé.

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1 Comment

  • Reply
    Pauline
    13 janvier 2021 at 13:54

    Vivement la suite de ton récit :D
    Ton récit transpire la liberté et le bonheur, malgré toutes les péripéties :) Aaaaah la beauté du voyage ! Merci pour cette évasion :)

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