États d'âme Montréal

Tourner une page – en écrire une autre

28 avril 2021

2008 – foudroyée par Montréal

Douce soirée d’août au Parc Jarry – Août 2008

Tout au long de ces années de bloguage, j’ai évidemment beaucoup écrit sur Montréal. C’est d’ailleurs pour Montréal que j’ai commencé un blog en 2007. N’ayons d’ailleurs pas peur des mots : j’ai aussi beaucoup radoté, le temps de demêler tout ce qu’il pouvait se passer à l’intérieur de moi, du haut de mes 21 ans. J’avais économisé 3 ans pour m’offrir ce voyage d’un mois et demi qui changera résolument ma vie, bien plus profondément et durablement que je ne pouvais l’imaginer. En 2008, mes amis V. et M. m’attendaient à Montréal, je ne les connaissais qu’à travers des écrans interposés, à l’époque. Ils m’ont accueilli chez eux comme si on se connaissait depuis toujours. M. qui n’est plus parmi nous aujourd’hui et que je garderai toujours dans mon coeur, a partagé avec moi son amour de la ville dans laquelle il a grandi, de son pont Jacques Cartier et de beaucoup d’autres choses qu’il appréciait ou n’appréciait pas de la société québécoise.

Façades de la Petite Italie – Août 2008

Je suis tombée en amour avec Montréal, au point de demander une résidence permanente pour demeurer au Québec – elle n’a pas abouti à cause de problèmes de santé. J’ai toujours eu, et ai encore aujourd’hui une sensation d’inachevé vis-à-vis de ma vie montréalaise, comme s’il aurait fallu en vivre deux, en parallèle, qui m’auraient autant épanouies l’une que l’autre. Mais de vie, on en a qu’une, et j’ai fait le choix de demeurer à Lyon, d’y nourrir mes amitiés et mes amours, d’y voir grandir mes nièces et neveux et d’y faire pousser mes racines. Je ne regretterai jamais ça.

2010 – grandir grâce à Montréal

Froide journée de février 2010, sur la rive sud de Montréal

Mais Montréal ne m’a jamais quittée. En 2010, j’y retourne, y vivre cette fois-ci, pour trois saisons. L’hiver, le printemps, l’été. Ces quelques mois m’auront marquée à tel point que je peux affirmer que c’est un nouveau tournant dans ma vie. J’avais 23 ans, je finissais mes études supérieures et à bien des égards, j’étais encore un gros bébé. Mais j’avais ce besoin de partir et de mettre 5 000 km entre mes racines et moi. C’était un désir tellement profond que ça m’en tordait le ventre. À ce moment-là de ma vie, c’était vital. Je pense que c’est au cours de cette année que je suis vraiment devenue indépendante émotionnellement. Je me suis sentie incroyablement libre et surtout, j’avais Montréal pour me soutenir dans cette démarche. Il y a 11 ans, Montréal était encore une ville un peu folle, avec une immense énergie artistique et un souffle de vie puissant et rafraîchissant à la fois. J’ai découvert que je pouvais être qui je voulais – Montréal m’offrait cette possibilité. Depuis, ce sentiment ne m’a plus jamais quittée.

Façades de la Petite Patrie – Mai 2010

C’est au cours de cette année que j’ai rejoins l’équipe de pvtistes.net en tant que freelance, après plus ou moins deux ans de bénévolat sur le forum. Étonnamment, j’ai commencé par travailler sur une FAQ sur le PVT Corée – pays dont je ne connaissais rien. Tout était à faire, à l’époque, les accords de PVT étaient peu nombreux et les pvtistes ne couraient pas encore les rues non plus ! Mais finalement, pendant 11 ans, c’est le Canada qui a principalement occupé mes journées.

Du Canada, jour et nuit

Fenêtre de la Petite Patrie – L’halloween 2012

Pendant 11 ans, je me suis levée chaque matin en étudiant, analysant et faisant des recherches sur le Canada et la société canadienne. J’ai continué à y voyager et à y vivre, bien sûr, pendant toutes ces années. La littérature canadienne me fait toujours autant vibrer, et ce sont à chaque fois des petites clés qui ouvrent des serrures de cette société qui est plus complexe qu’elle n’en a l’air. Petit à petit, j’ai résolu des mystères canadiens, me permettant de soutenir et de conseiller des futurs pvtistes.

Entre Banff et Jasper – Avril 2014

J’ai aussi vécu, à travers eux, des milliers d’expériences différentes, bonnes ou mauvaises, d’échecs, de succès et de rebondissements. Ce qui est étonnant, c’est que même si j’ai bien senti que les années se répétaient un peu, je ne me suis jamais vraiment lassée de mon sujet principal. D’ailleurs, depuis 2008, le Canada ne m’a jamais quittée, au point où j’en ai co-écrit un guide. Je suis tellement reconnaissante de toutes ces années où j’ai pu faire de mon intense passion mon métier.

Quintessence du Canada – Un Iced Capp du Tim dans un mall de la banlieue de Vancouver – Avril 2014

C’est une société que je trouve à la fois profondément reposante et à la fois profondément épuisante. C’est une société avec laquelle je ne suis qu’à moitié compatible ; je l’aime tout en reconnaissant qu’elle n’est pas mienne. Je pense que pendant tout ce temps, j’ai gardé en tête le fait de demander une résidence permanente… et c’est d’ailleurs pour cette raison que je n’ai jamais amorcé les démarches de demande de nationalité espagnole. J’ai toujours eu ce sentiment d’inachevé avec mon aventure canadienne… Mais je me rends compte que peu à peu, depuis notre retour de PVT, je lâche du lest, beaucoup de lest. La pandémie n’y est bien sûr pas pour rien et m’aura, en un sens, incitée (plutôt abruptement) à tourner la page. Mon parcours canadien est terminé, même si je continuerai sans doute à le vivre différemment et moins intensément.

Un PVT pour tourner la page

Faire la quiche (ou plutôt la pizza) dans une ruelle de la Petite Patrie – Juillet 2020

Un PVT en temps de COVID – ça remet forcément les idées en place. 2019 et 2020, ces années n’auront pas été parfaites, mon PVT non plus. Mais si je n’en doutais déjà pas depuis 10 ans, ça remet les idées en place : vivre près de mes proches est finalement le plus important, tout comme les accompagner dans les bons comme les mauvais moments. C’est quelque chose que je leur dois et que je me dois. Alors, je n’aurai pas de passeport canadien, même si je n’ai cessé d’imaginer la vie épanouissante que je pourrais avoir ici. Finalement, la découverte foudroyante de nouveaux repères il y a 10 ans se sont estompés pour devenir un doudou très familier. Au début, j’ai eu besoin d’un choc, ensuite, j’ai eu besoin de linéarité et de stabilité.

Louisbourg, Nouvelle-Écosse – Août 2020

J’ai eu des problèmes de coeur, d’argent, de santé, de deuils, des séparations… Comme tout le monde. Mais le Canada, lui, a toujours été là. Il a été le fil conducteur de ma vie de mes 21 à mes 34 ans. Aujourd’hui, je n’y ai d’ailleurs pas que des souvenirs, là-bas, j’y ai aussi des jeunes (ou plus vieilles !) amies très chères, de ces rencontres qui changent des vies, de ces liens que l’on arrive à conserver depuis une dizaine d’années… Et je n’y renoncerai pas ! Alors Montréal sera toujours dans ma vie, c’est inéluctable, mais peut-être qu’il est temps, maintenant, qu’elle ne prenne plus autant de place. J’ai d’autres choses à vivre et à construire et j’ai besoin de me libérer de ce logiciel qui tourne en tâche de fond. Alors, dans quelques semaines, je reprends une formation pour changer de métier. Je quitte l’univers du Canada, mais aussi celui du voyage et de la mobilité internationale. D’ailleurs, je ne reviendrai pas vivre à Lyon non plus (mais ça j’en reparlerai quand ça sera un peu plus mur…). C’est évidemment un immense poncif mais : je tourne la page, pour en écrire une autre… et c’est très bien, finalement, non ?

Pendant la saison des couleurs, quelque part au Québec – Automne 2020

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10 Comments

  • Reply
    Itinera magica
    28 avril 2021 at 16:08

    Merci pour ce beau partage sincère. Je te souhaite une belle nouvelle vie.

    • Reply
      isa
      28 avril 2021 at 16:10

      Une nouvelle vie que j’espère bientôt par chez toi, d’ailleurs :)
      Merci pour ton commentaire !

  • Reply
    Pauline
    28 avril 2021 at 16:29

    <3

    • Reply
      isa
      29 avril 2021 at 10:41

      <3 toi même

  • Reply
    Paule-Elise
    28 avril 2021 at 17:10

    Je trouve ça beau, ton attachement à Montréal à travers les années. Je suis sûre que tu y écriras de nouvelles pages, différemment peut-être. Il n’y a pas de lieu pour lequel j’ai un attachement aussi fort, mais Montréal a une petite place spéciale, en particulier un certain salon de tatouage de Mile End ! J’espère avoir l’occasion d’y retourner un jour (à Montréal). Je te souhaite le meilleur pour toutes tes nouvelles pages en tout cas !

    • Reply
      isa
      29 avril 2021 at 10:41

      Merci pour ton gentil commentaire…
      Et encore, je n’ai pas parlé de mon attachement à l’Utah qui doit être ça X100 ! Il faudra que tu me parles de ce chapitre et de ce salon de tatouage où j’imagine que tu t’es fait tatouée… Ce sera mon prochain projet montréalais, d’ailleurs !

  • Reply
    Kenza
    28 avril 2021 at 18:21

    Mais tu n’arrêtes pas d’écrire hein ?

    • Reply
      isa
      29 avril 2021 at 10:40

      Aaaah ça non !

  • Reply
    Zhu
    28 avril 2021 at 23:39

    C’est plutôt sain de tourner une page, ça fait avancer dans la vie! Et puis, les pages ne s’envolent pas, tu peux toujours y revenir dans tes souvenirs ou « pour vrai » ;-)

    • Reply
      isa
      29 avril 2021 at 10:40

      Exactement ! :) Il faut avoir d’autres projets solides pour pouvoir le faire sans que ça soit trop un arrache coeur, aussi

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